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Culture
 
 
Le mystère des soirées de Médan, enfin dévoilé !
Le mystère plane sur les soirées naturalistes à Médan. Un de nos reporter de son couteau agile, tente sur place de couper le brouillard, de lever le voile sur vos questions de lecteurs jusque là mal informés.

Une matinée chargée en émotion...

     Après de longues heures de trajet,j'arrivai enfin à Médan une ville au bord de la seine. Après quelques ennuis pour trouver la maison de Zola je me présentais enfin devant la porte de la bicoque, achetée par Zola fort récemment. Celui-ci m'accueillit avec appréhension, preuve de la prudence du romancier. Il m'invita par la suite à entrer dans sa maison où j'y trouvai Guy de Maupassant avec une plume à la main, celui-ci me fit un signe de tête en guise de salutation. Je me suis assis en attendant les naturalistes manquants.
     Je remarquai que Zola et Maupassant étaient tous deux en train d'écrire, de peur de les déranger je n'ai pas osé leur demander ce que signifiait leur acte. Maupassant me vis envoyer un regard perplexe sur le travail qu'ils fournissaient, celui-ci pris donc l'initiative de me répondre :"Émile et moi même sommes en train d'écrire un livre à deux." Mon regard devait exprimer la curiosité car il continua à répondre à mes question placées sous silence :"Nous sommes en train de tester un nouveau concept d'écriture. "Il se pencha sur son roman écrit par Zola et lui, l'auteur français décida alors l'arrêt de tout ceci pour préparer la salle avant l'arrivée de son clan. Pendant la préparation, nous parlâmes tous les trois, et ils m'expliquèrent avec précision leur nouvelle façon d'écrire. Ceux-ci me dirent bien des détails que je scellerai dans ma mémoire.
     Tout était prêt pour la venue proche des naturalistes qui manquait à l'appel. Ceux-ci n'étaient pas très ponctuels, ils arrivèrent avec une demi-heure de retard. Après leur arrivée, nous pûmes enfin commencer la journée des naturalistes.

     Tout d'abord Zola nous emmena dans un coin de son jardin vraiment magnifique, puis nous commençâmes à parler de choses diverses (mais qui restaient dans le cadre de la littérature) tels que les décors à la mode dans les nouveaux romans ou d'un conteur fort récemment découvert (qui, je trouve, excelle dans son domaine) . Huysmans, qui n'aime pas les contes, prononça à peu près ces quelques mots :"Un conteur est un monsieur qui, ne sachant pas écrire, débite prétentieusement des balivernes." Alexis, qui de toute évidence n'était pas d'accord avec Huysmans, prétendait qu'un conte était très difficile à faire. Après cet échange de point de vue entre les deux antagonistes, nous passâmes à autre chose. Nous avons alors commencé à parler du naturalisme, qui, mesdames, messieurs, est très compliqué à comprendre. Nous avons par conséquent discuté des différents décors à narrer dans leur romans (oui, leur mouvement dit le naturalisme, à pour principe d'énoncer la vérité dans leurs histoires avec tout le même décor choisi préalablement) . La matinée étant terminée nous sommes retournés chez Mr Zola qui nous proposa un apéritif.

Une après-midi festive...

     Après un bon apéritif, où l'alcool coula à flots, Mme Zola, en bon cordon bleu qui se respecte, nous apporta le repas qu'elle avait méticuleusement préparé depuis des heures. Ce déjeuner était tout simplement succulent. Pendant le repas, Zola et Maupassant parlaient de leur idée à Céard, Alexis, Huysmans et Hennique. Ceux-ci parurent l'apprécier. L'ambiance du repas était conviviale et agréable grâce à nos chers amis naturalistes. Après le repas de Mme Zola, nous sommes donc allés faire un tour près du lac de Zola. Nous fîmes notre partie de pêche où, Hennique, se distinguait au grand désespoir de Zola qui n'attrapa que des savetiers. Après un temps considérable, nous fûmes convié par Maupassant à aller s'allonger un peu. Nous nous exécutâmes avec plaisir. Céard, insensible aux joies de la campagne, s'ennuyait ; Paul Alexis rôdait avec des idées grivoises ; Huysmans fumait des cigarettes ; Maupassant lui, s'était installé dans la "Nana" et marmonnait de vagues paroles dont personne ne fit attention ; Zola et moi même étions en train de converser sur des choses diverses comme le succès du livre qui l'a lancé sur la voie de l'écriture. J'ai appris plein de choses cette conversation, notamment sur la question "Comment écrire un roman ?" . Lorsque la fraîcheur et l'obscurité vinrent pointer le bout de leur nez, Zola et sa communauté m'emmenèrent au salon pour savourer le dîner de Mme Zola.

Une fin de journée sympathique et amusante...

     Une fois rentrés de la ballade digestive de l'après-midi, nous nous installâmes à table prêt à déguster le repas concocté par Mme Zola. Nous étions en train de manger quand disparut Zola dans sa maison, celui-ci revint une dizaine de minutes plus tard avec un fusil. Un mélange de peur et de surprise se mêla en moi. Le jeune auteur français vînt se rassoir à table. Il tenait fièrement son arme quand j'entendis ses camarades naturalistes qui lui soufflaient des paroles que je ne distinguait pas. Je vis Zola tirer dans l'herbe avec son fusil qu'il manipulait en myope, et sur des mottes de terre que nous lui affirmions être des oiseaux, et c'est ce-même Zola qui, avec un mélange d'alcool et de malvoyance, ne comprît pas pourquoi il ne trouvait pas de cadavres. Après le repas, Zola nous emmena dans son jardin pour une ballade nocturne. Tandis que nous avancions Zola discourait sur le décor magnifique et une idée qui lui était venue. Tous l'écoutèrent avec attention et respect, et sans un bruit Zola continua sa tirade. Quand il eut enfin fini, Alexis s'écria qu'il devait vite écrire cela dans un livre, Zola répondit juste :"C'est déjà fait". Après cela, Maupassant nous fit tous passer dans la "Nana" et nous avons vogué longtemps au gré du vent. Après ce long et passionnant moment à voguer sur l'eau et a parler du décor qui nous entourait, je décidai de partir. J'ai remercié Zola de l'accueil qu'il m'avait fourni, et je dis au revoir à tout le monde avant de partir pour rentrer chez moi, avec le cœur chargé d'émotions. Sur la route, je n'avais qu'une seule hâte, pouvoir partager avec vous, chers lecteurs, ces moments de pur bonheur.

G.Cuillerat